mardi 28 mai 2013

Et à la fin, c’est « l’Equarrisseur des Flandres » qui gagne…


Impitoyables, les grands favoris de la finale de la Ninkasi Cup n’ont laissé aucune chance à leurs valeureux adversaires dans une rencontre à sens unique.

On a longtemps cru que le public enthousiaste qui s’était massé dans les travées du chaudron d’un « Poldoc stadium » plein comme un œuf n’aurait pas l’occasion de vibrer, tant les duettistes d’Handicap & Baby-Foot ont rapidement mis tout le monde d’accord. Très concernée dès l’entame de la partie et sans doute piquée au vif par les critiques qui avaient pointé leur suffisance en demi-finale, la formation chartisto-promue a très vite tué tout suspense face à des Coquines pourtant entreprenantes en diable. Fidèle à sa réputation de terreur des surfaces de réparation, Alain M s’est appuyé sur sa densité physique et se force de percussion pour peser sur la défense d’Isabelle B-D dès les premiers duels, tandis que la précision d’orfèvre et les relances du bout du monde d’un Clément T de gala, esthète du jeu à une touche de balle, régalaient la galerie. Asphyxiés et sevrés de beuchigues exploitables, les Coquines n’avaient plus que leurs yeux pour pleurer : Antoine B, généreux dans l’effort mais cruellement limité techniquement, multipliait les passes de maçon, arrosait les cages et mangeait la feuille sur ses rares occasions, laissant croire que la saison des vendanges aurait cette année de l’avance. 
 
Pourtant, la confrontation s’annonçait acharnée, à en croire les déclarations d’avant-match. Alain M, coutumier des phrases assassines, avait ainsi annoncé la couleur dans La Dépêche du Midi : « On a à cœur de remettre l’église au centre du village. Aujourd’hui, on va à l’abattoir, mais c’est nous les bouchers ! », ce à quoi Isabelle B-D avait rétorqué que « c’est à la fin du bal que l’on paye les musiciens », et qu’elle avait bien l’intention de « tuer le père ou mourir les armes à la main ». Alors que l’on craignait que la boîte à gifles et les salades de phalanges seraient de sortie à la moindre escarmouche, le sang-froid du corps arbitral de charme Aude-Elise a réussi à calmer les esprits.

Sans doute tétanisés par l’enjeu et intimidés par les coups de boutoir du colosse flamingant qui avait revêtu le casque à pointe, les Coquines n’ont pas eu l’occasion de faire montre de leur french flair. Le vice de vieux renard des surfaces du vétéran de la compétition associé à la vista toute méridionale de Tisserant, qui prouve match après match que son surnom de « taurillon gardois » n’est pas usurpé, ont à nouveau fait des étincelles, pour un score fleuve : dès l’entame, Alain partait à l’assaut du but adverse sans round d’observation, et, faisant preuve de son légendaire instinct de tueur, déflorait le score d’une roucoulette bien sentie venant mourir dans le soupirail grâce à un plat du pied-sécurité des familles. Après les deux premières manches, le chat était maigre pour les Coquines, et le cochon dans le maïs : à la pause, la messe semblait dite (5-0 ; 5-0). Aux citrons, Antoine, désireux de faire mentir son surnom de « Poulidor du baby-foot », tentait de remobiliser ses troupes : « on est au pied du mur, et ce mur, on va le construire ! » Galvanisées par la ferveur d’un public électrisé par leur panache et chauffé à blanc, les Coquines se lançaient à corps perdu dans un baroud d’honneur qui fleurait bon le « baby-foot champagne » : tandis que Isabelle, qui avait déclaré vouloir « se mettre les tripes au soleil », enchaînait les interventions pleines d’autorité, Antoine faisait enfin preuve de réalisme dans la zone de vérité, envoyant la gonfle à quatre reprises en terre promise et faisant rêver les spectateurs que les mouches avaient enfin changé d’âne.

Bousculés dans l’entre-jeu, contrés dans l’axe, les HBF ont dû s’employer et revenir aux fondamentaux pour finalement mettre un terme à la remontée fantastique de leurs adversaires sur un ultime coup de reins dont Alain a le secret. Alors qu’on le croyait vacillant et qu’il montrait des signes d’agacement, le malin goupil argenté a armé d’un geste élastique à montrer dans toutes les écoles de baby-foot une frappe lourde qui a crucifié le portier adverse et nettoyé les toiles de son montant. La cabane était tombée sur le chien, et à la fin de la foire, Handicap & Baby-Foot comptabilisait plus de bouses (5-4).

Cette victoire sans appel prouve la force de caractère d’un Alain que l’on disait fini depuis son départ du « Bar Le Penalty » avec lequel il avait remporté ses 17 titres de champion inter-PMU, et illustre l’osmose trouvée entre l’expérience du « Pelé gris » et la fougue du « diablotin nîmois ». Visiblement très ému par ce triomphe, Clément a sobrement manifesté sa satisfaction d’avoir su « mettre les ingrédients pour gagner c’te coupe », tandis que les Coquines, belles joueuses, ont rendu hommage à leurs adversaires : « on a frisé la correctionnelle, mais il faut reconnaître qu’aujourd’hui Alain M avait des mains à la place des pieds : il a marché sur l’eau ».

Le forfait de dernière minute de l’enfant terrible Xabi C (Ange A, le sulfureux agent corse du joueur, a accepté de lever partiellement le voile sur l’inattendue défection de l’impétueux basque, déclarant laconiquement que « quand les mouettes suivent le chalutier, c’est qu’elles pensent qu’on va leur jeter des sardines »), dont les frasques ont eu raison des rêves de victoire du « canonnier sarthois » Gaël B, et l’élimination précoce de « Gaylord la science », avaient certes ouvert un boulevard à Handicap & Baby-Foot, devenu rapidement l’épouvantail de la compétition. 

Soulignons cependant l’épopée de l’improbable équipe d’Arsenic & Chemise Bleue qui, grâce à l’irrévérence de la novice Mathilde C et à la roublardise de l’inénarrable « crocodile du Tescou » Rémi G, est parvenue à se hisser dans le dernier carré, devenant la grosse cote des bookmakers. Loin de n’être que forfanterie de grande gueule, les annonces fracassantes de Rémi, qui annonçait à qui voulait l’entendre qu’il n’était « pas là pour trier les lentilles ou vendre des chapeaux », ont ainsi commencé à être prises au sérieux. Le public de connaisseurs du « Poldoc stadium » n’a cependant pas goûté le pragmatisme froid de l’enfant de Sapiac qui, loin de faire preuve de la naïveté de première communiante qu’on lui avait prêté un peu vite, cassait sans cesse le rythme en faisant tourner la balle à l’arrière garde de la famille bleue, gagnant le surnom de « tueur de cuir ». Châtié en demi-finale et reparti les valises pleines en terre montalbanaise, « terminus des prétentieux », il a cependant été renvoyé à ses chères études pour méditer sur son abus des passes téléphonées et sa propension à se déchirer sur des buts casquette.

Autre bonne surprise, la rugueuse stoppeuse Aleth TdE qui, sans faire de bruit dans son rôle de soldat de l’ombre allant au charbon, est certainement devenue la révélation du tournoi : joueuse de devoir, dure au mal, intraitable dans son marquage à la culotte et ne rechignant pas à se contenter des tâches obscures, la tour de contrôle des Twix a su prouver que l’amour du maillot n’était pas un vain mot dans un sport gangrené par l’argent et le dopage, et devrait attirer les convoitises des recruteurs qataris. La plus grande déception vient certainement de l’élimination du petit Poucet de la compétition, les Trompettes de Jéricho, qui étaient devenues la coqueluche des aficionados par leurs efforts désespérés pour faire chanter le cuir. Emmenées par un Jocelyn M tout feu tout flamme, elles étaient les ultimes dépositaires des valeurs romantiques du baby-foot de papa, que d’aucuns qualifient de « baby-foot cassoulet ».

Reste à souligner le dévouement des instances organisatrices, qui ont su fédérer autour des valeurs de partage et de fête un public bigarré et bon enfant, malgré les controverses incessantes sur l’abandon des règles mancelles, jugées trop alambiquées pour le profane.

Antoine B.

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